Exosquelettes et transhumanisme : vers une augmentation du corps humain ?

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L’exosquelette n’a pas uniquement révolutionné le monde de la médecine, industriel et logistique. Les composants technologiques d’un exosquelette (batterie, capteurs, IA, moteurs,existent déjà. Ces dispositifs de science-fiction sont d’ores et déjà une réalité et il n’est plus rare de les croiser lors d’une séance de rééducation chez son kinésithérapeute. Loin d’être un mythe, l’exosquelette du futur est « presque » à la portée de tous. D’ailleurs, de nombreux projets sont en cours pour une utilisation (grand public) et représente l’homme du futur. Un être humain transformé et à la puissance décuplée ! Mais quels sont les réels défis des exosquelettes et du transhumanisme ? Qu’en est-il réellement des enjeux  ? Les exosquelettes représentent-ils une simple aide médicale ou une première étape vers l’humain augmenté  ?

On en discute.

Exosquelette et transhumanisme, de quoi parle-t-on exactement ?

Avant de nous lancer dans le cœur du sujet, faisons une petite pause pour comprendre ce qu’est l’exosquelette et le transhumanisme.

Le transhumanisme est un courant de pensée philosophique, mais aussi scientifique et culturel. Il vise à améliorer les capacités humaines dans toutes ses dimensions. Cela peut être dans les dispositions physiques, les capacités mentales ou encore émotionnelles en s’appuyant sur différentes technologies.

L’objectif du transhumanisme va loin ! Puisqu’il veut dépasser les limites naturelles de l’être humain. C’est le cas pour la maladie, la vieillesse et également la mort. Toutes ces méthodes vont alors s’appuyer sur de nouvelles technologies telles que :

  • La robotique et la cybernétique ;
  • L’IA pour l’amélioration cognitive et la fusion machine-cerveau ;
  • Les nanotechnologies qui sont des machines microscopiques intégrées dans le corps ;
  • Les biotechnologies pour la modification génétique et les implants biologiques.

Il est donc visible que l’exosquelette et le transhumanisme ont un fort rapport. Et pour cause, l’exosquelette représente un exemple concret de technologie qui permet d’augmenter l’être humain en l’améliorant. En effet, l’exosquelette permet à l’homme de retrouver sa mobilité, mais aussi de développer la nature humaine, en dépassant ses compétences innées.

L’aspiration suprême de ce courant de pensée est de transformer l’être humain abîmé en une version améliorée et optimisée.

Exosquelette militaire et exosquelette GIGN

La volonté de transformer l’humain en un être augmenté a conduit de nombreux ingénieurs à créer un exosquelette pour l’armée et pour les unités d’élite (exosquelette GIGN).

Avec le temps, l’exosquelette du futur est passé du mode passif au mode actif en intégrant des éléments provenant de la robotique et de l’intelligence artificielle. Exosquelette et innovation sont toujours en projet afin d’améliorer les capacités de ces dispositifs robotisés merveilleux que sont les exosquelettes.

Grâce à leurs capteurs musculaires, à l’électroencéphalogramme et à la reconnaissance gestuelle, les exosquelettes ne cessent de nous émerveiller. Leur capacité à redonner le sourire à des milliers de personnes dans le monde est inestimable.

Par ailleurs, la fusion exosquelette et intelligence artificielle a prouvé que ce dernier n’est plus une armure de science-fiction, mais bien la réalité. Bien que la mise au point des exosquelettes ait connu des difficultés à ses débuts, on doit reconnaître que tous les efforts ont porté leurs fruits.

Le projet TALOS ou Tactical Assault Light Operator Suit a été lancé en 2013 par l’USSOCOM. Le but ? Développer une armure exosquelette militaire intégrant des nanotechnologies qui permettront d’augmenter la force, la résistance, mais également les capacités opérationnelles des militaires sur le terrain. Ce projet n’a finalement pas vu le jour et a été abandonné malgré les innovations technologiques et son budget de 80 millions de dollars initialement prévu.

Le projet TALOS marque l’engouement de l’armée à créer des exosquelettes pour augmenter ses forces sur le terrain malgré les défis et les essais infructueux. D’autres modèles ont vu le jour, comme le HULC, un exosquelette militaire, qui est toujours opérationnel.

Le GIGN français s’est, lui, doté d’un exosquelette très répandu en collaboration avec Mehler Protection et Mawashi Science & Technology  : l’ExoM. Ce dernier est un exosquelette GIGN blindé et passif conçu pour les unités d’élite qui combine simultanément mobilité et protection balistique.

Exosquelette médical et exosquelette industriel

L’exosquelette médical et l’exosquelette industriel visent chacun un objectif différent. Le premier aide des personnes souffrant de maladies neurodégénératives à retrouver leur mobilité, tandis que le second vise à prévenir les troubles musculo-squelettiques, tout en réduisant la fatigue.

Exosquelette et transhumanisme

La société Wandercraft, spécialisée dans le domaine de la robotique médicale, a mis au point l’exosquelette médical Atalante X. Ce dernier est un exosquelette auto-équilibré spécialement destiné à la rééducation des patients atteints d’AVC et de lésions médullaires. Validé par les essais cliniques FDA en 2023, l’Atalante X améliore la vitesse de marche du patient ainsi que la symétrie des pas chez les autres patients hémiplégiques.

Du côté industriel, le Suit X by Ottobock a développé l’exosquelette IX back air. Lancé en 2023. Cet exosquelette dorsal passif réduit de 56 à 75 % la charge sur le bas du dos lors des tâches répétitives qui ont souvent lieu dans le milieu industriel et logistique. Deux ans plus tard, la firme a lancé l’IX Back Volton, son premier modèle d’exosquelette motorisé pour un poids de 4,5 kg.

Néanmoins, les exosquelettes présentent des faiblesses, principalement liées à des limites technologiques. Telles que les problèmes d’autonomie, de poids et d’encombrement, ainsi que de coût.

L’exosquelette et le transhumanisme, entre réparation et augmentation des capacités humaines

Effectivement, l’exosquelette militaire, l’exosquelette du genou, médical, ou l’exosquelette industriel et logistique ont des rôles différents. L’un permet de « réparer la mobilité » perdue lors d’un accident cérébral ou d’une maladie. Et l’autre d’augmenter les capacités humaines. C’est dans ce dernier point que l’on peut évoquer le rapport entre transhumanisme et l’exosquelette. Bien que… Réparation et augmentation sont fortement liées pour certains.

Restituer la marche, mais jusqu’où ?

L’exosquelette médical est l’invention du siècle pour restituer la marche aux personnes post-AVC. Les essais ont montré une récupération accélérée de la mobilité, et ce, grâce aux mouvements biologiques répétitifs. Par ailleurs, les modèles comme l’Atalante X ont permis aux patients de remarcher sans béquille, tout en stimulant la plasticité cérébrale. 

Cependant, le fossé entre la réparation et l’augmentation de l’être humain s’estompe. Puisqu’il a été rapporté que des athlètes paralympiques utilisent dorénavant les exosquelettes pour dépasser leurs limites naturelles.

Vers le soldat surhumain

Un investissement considérable a été consacré dans le developpement des exosquelettes de combat et de port de charges lourdes. Le plus bel exemple est le projet TALOS bien qu’il ait été abandonné. La France a misé sur l’exosquelette GIGN ExoM. Un modèle passif et blindé qui permet d’augmenter la mobilité et la protection.

l’exosquelette GIGN ExoM

Cet exosquelette de l’armée propose un port de charges lourdes ainsi qu’une endurance fortement décuplée. 

L’humain augmenté

Les exosquelettes industriels ne sont pas en reste parce qu’ils permettent de réduire les TMS et de réduire de 56  la charge dorsale pour certains modèles. L’exosquelette Hypershell cible le grand public et est destiné aux randonneurs.

Enjeux transhumanistes, faut-il craindre l’humain augmenté ?

Les exosquelettes accentuent les inégalités socio-économiques. En effet, leur prix exorbitant n’est pas destiné à l’ensemble de la population, ce qui risque de créer une fracture entre les personnes aisées pouvant se les offrir et celles qui n’en ont pas les moyens. Bien que les prix des exosquelettes puissent sembler élevés, il est important de souligner qu’il existe des subventions pour leur financement.

De plus, il est essentiel de comprendre que le coût élevé de ces technologies est justifié par leur conception et leur innovation technologique.

Perte d’autonomie et dépendance à la technologie ?

Certains experts craignent que les exosquelettes ne conduisent à une standardisation des mouvements naturels au profit d’une optimisation contrôlée par des algorithmes. Cette perte d’autonomie a soulevé des questions concernant la préservation de l’intégrité du corps et un asservissement possible aux systèmes du futur.

D’autres experts plus optimistes et plus réalistes, disent au contraire que, lorsqu’il est question d’exosquelettes, la planification du mouvement ainsi que le choix du moteur revêtent une importance cruciale dans l’ingénierie. Grâce aux avancées technologiques actuelles, les exosquelettes connaissent un développement important dans les secteurs de la médecine, de l’industrie et de la sécurité. Il n’y a donc aucune incidence ni sur la perte d’autonomie ni sur la dépendance technologique. 

Frontière humain/machine, jusqu’où peut-on modifier le corps ?

Les exosquelettes reconsidèrent les limites éthiques de l’augmentation de l’être humain. Les penseurs transhumanistes se posent la question de savoir s’il faut autoriser les modifications du corps qui dépassent la réparation médicale dans le seul but d’augmenter les performances du corps humain.

Faut-il encadrer l’augmentation humaine ?

Des dérives peuvent survenir, comme la sécurité des données biométriques. C’est pour cela qu’il est indispensable que les exosquelettes soient encadrés juridiquement. Cela ne doit pas non plus être trop strict, ce qui risque de freiner l’innovation.

Cela nécessite alors de faire la part des choses et d’équilibrer liberté technologique et protection des droits fondamentaux.

Conclusion

Les exosquelettes montrent fortement les tensions existantes entre les progrès et les innovations technologiques d’une part et la préservation de l’humanité d’autre part. Une réflexion collective doit avoir lieu pour discuter de leur place dans la société.

Les progrès ne sont pas en berne, bien au contraire. Les perspectives futures vont voir apparaître d’ici à 2050 deux visions : l’augmentation humaine et les risques dystopiques. En effet, ces dispositifs étendent les capacités physiques dans tous les domaines, qu’ils soient médicaux, militaires, logistiques et industriels. En même temps, les inégalités d’accès à ces technologies du futur et leur militarisation pourraient bien exacerber les fractures sociales. 

Si les exosquelettes médicaux sont bénéfiques pour la science et l’humanisme, leur généralisation dans d’autres secteurs peut nécessiter un cadre éthique assez strict.

En vérité, l’enjeu réside bien dans leur utilisation comme outil d’émancipation plutôt que comme outil d’aliénation. Cela va préserver l’équilibre entre l’innovation et le respect de l’intégrité humaine.

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